samedi 14 mars 2009

Une nuit avec Socrate

Le 21 mars, la philosophie se discute, se lit et se joue. Pour la quatrième édition de la nuit de la philo, près de 200 activités gratuites sont offertes au grand public pendant 24 heures, à l’UQÀM, à la Grande Bibliothèque et à la Cinémathèque québécoise.

La nuit de la philo s’adresse à un large public : « La philosophie, ce sont des thèmes qui parlent à tout le monde et qui suscitent une réflexion critique. », croit Sindy Brodeur, une des organisatrices de l’évènement. Le public pourra choisir parmi plusieurs conférences et tables rondes sur des sujets aussi différents que les guerres, la non-violence, le Web 2.0, le roman noir américain et le féminisme. Selon Mme Brodeur : « la philosophie est vue comme un milieu très fermé, mais on voulait démontrer qu’elle est présente dans tous les milieux et à n’importe quel âge. »

Guillaume Bergeron, étudiant en philosophie à l’Université Concordia, a participé à la dernière édition de la nuit de la philo et il ne savait plus où donner de la tête : « il y a tellement d’affaires qui se passent en même temps, tellement de sujets et l’ambiance est vraiment cool. » Il se souvient de Francis Dupuis-Déri, professeur en science politique, qui, vers une heure du matin, avait sorti une bouteille de vin pour la partager avec ses invités pendant sa conférence sur l’anarchisme.

Francis Dupuis-Déri précise que, lors de ses conférences pendant la nuit de la philo, il « essaie de faire un travail de vulgarisation, car il s’agit d’une conférence publique. » Pour lui, le public devrait s’initier à la philosophie parce que « précisément, il s’agit d’une approche qui englobe tous les aspects de la vie et de la mort. » Il insiste pour dire que la nuit de la philo « déborde du cadre strict de la philosophie et relève même des sciences humaines et sociales ou même des arts et de la littérature. »

S'amuser en philosophant

Sindy Brodeur souligne la participation de spécialistes dans plusieurs disciplines : « des gens qu’on n’associe pas à la philosophie, qui n’ont pas de formation en philosophie. » Françoise David, porte-parole de Québec solidaire, donnera une conférence sur le féminisme. Marc Angenot, professeur de littérature à l’Université McGill, discourra sur le fascisme sémantique.

Sindy Brodeur avoue d’emblée : « on s’entend qu’il y a des conférences plus pointues », mais elle répète aussi que la philosophie c’est « réfléchir en s’amusant ». La nuit de la philo garantit des heures de plaisir avec le spectacle payant des zapartistes, un tournoi d’improvisation sur des thèmes philosophiques, sous l’égide de la Ligue nationale d’improvisation. Plusieurs activités culturelles sont au programme : Claude Gauvreau, écrivain de l’anarchie, une lecture d’œuvres érotiques philosophiques et des improvisations au piano. L’activité la plus intrigante reste le sino-scepticisme : pendant une heure, les organisateurs de cette activité vont tenter de convaincre le public que la Chine n’existe pas.

Guillaume Bergeron précise : « ce qui était vraiment bien, c’est que la nuit ne se passait pas seulement à l’UQAM, mais ils s’organisaient aussi avec d’autres partenaires. » Pour la première fois cette année, la Grande bibliothèque s’associe à la nuit de la philo avec un volet adulte où plusieurs conférences auront lieu et un volet pour enfant avec des ateliers et des discussions. La Cinémathèque québécoise fait aussi partie du programme avec la projection de films qui suscitent le débat, comme Turbulences de Carole Poliquin, un film qui met en garde contre le pouvoir actuel des marchés financiers.

www.nuitdelaphilo.com

(Photo : Philippe Marchand)

Article publié sur Quartierlibre.ca

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