mardi 27 janvier 2009

Faire renaître l'espoir

Professeur émérite à l’UQAM et politologue, Jean-Marc Piotte pose, depuis plus de 40 ans, un regard critique sur la société québécoise. Dans son nouvel essai, Un certain espoir, il trace les liens qui unissent son cheminement intellectuel et sa vie intime.

Un essai sur les mouvements sociaux au Québec, c’est du déjà vu. Mais un essai intimiste et touchant sur le parcours intellectuel d’un homme né sous le règne de l’Église catholique et ayant grandi en rêvant de mettre en pratique les écrits de Karl Marx, c’est hors du commun et c’est Un certain espoir, de Jean-Marc Piotte.

Dans son ouvrage, l’auteur raconte sans pudeur, mais avec délicatesse, son parcours intellectuel unique, traçant du même coup un portrait de l’évolution sociale du Québec, depuis 1950 jusqu’à nos jours. Né d’une famille modeste, Jean-Marc Piotte décrit son enfance dans un Québec sous le joug du cardinal Léger, où la prière en famille faisait parti du quotidien. « Nous sommes à l’époque très unis, à genoux et malheureux », écrit-il.

Puis, à l’époque de la révolution tranquille, alors qu’il est âgé d’une vingtaine d’années et qu’il commence à fréquenter le milieu universitaire, Jean-Marc Piotte perd complètement la foi. Ce sont les écrits de Karl Marx qui le sauveront durant une courte période. Cependant, confronté à la réalité des « sociétés oppressives » décrites dans les ouvrages de Marx, l’auteur sombre dans la dépression. « Totalement découragé, j’essaie de me suicider », avoue-t-il. C’est en se réfugiant dans l’étude des grands philosophes et en devenant enseignant qu’il se construira peu à peu une nouvelle raison de vivre. « Donner un sens à sa vie requiert de se sentir responsable à la fois de ce qui se produit dans la société et dans le monde », note Jean-Marc Piotte.

Malgré le « doute systématique » qu’il applique, l’ouvrage de Jean-Marc Piotte confirme l’utilité de tous les « contre-pouvoirs sociaux » dans le développement du Québec. Selon l’auteur, les mouvements syndical, féministe, gai, écologiste et surtout nationaliste ont tous amené la province à sortir de l’intégrisme religieux. Mais M. Piotte reste fidèle à son humanisme. Tout un chapitre est consacré aux caractéristiques qu’il promeut chez l’être humain : honnêteté, gentillesse, tolérance, courage, humour et simplicité sont en tête de liste.

Jean-Marc Piotte conclut son essai en soulignant toute l’importance des luttes sociales.« Même si on ne sait plus comment l’engendrer, écrit-il, il faut continuer de lutter pour un autre monde ». C’est cet idéal qu’il s’est efforcé de transmettre à ses étudiants durant plus de 40 ans et qu’il a décidé de léguer au Québec dans Un certain espoir.

Article publié dans Quartier Libre


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